Les entreprises innovent en permanence, c'est ce qui leur permet de rester dans le marché. Ce type d'innovations sont le plus souvent limitées à l'entreprise, c'est-à-dire que que la nouveauté mise en œuvre l'est pour l'entreprise mais pas pour le marché. A côté de ces innovations que l'on pourrait qualifier de rattrapage il en existe d'autres, qui permettent aux entreprises de prendre un avantage sur la concurrence. Ces dernières sont plus rares, plus difficiles à réaliser mais elles rapportent bien davantage à leurs initiateurs. Elles méritent donc d'être protégées.
Il existe plusieurs moyens de protéger une innovation. Les plus connues tiennent de la protection des droits intellectuels, comme le brevet, les marques et modèles. Sans oublier le secret et l'avance, qui est le temps nécessaire aux concurrents pour mettre en place à la même innovation. Au fil du temps, on doit constater que la durée de la protection induite par l'avance est de plus en plus courte. A côté de ces méthodes traditionnelles, le site de l'AS-e (
http://tinyurl.com/mxonnqz) attire notre attention sur d'autres moyens de protéger des innovations et il met le focus sur le modèle d'affaires.
L'idée est de prendre avantage d'une innovation (produit ou service) pour influencer et innover le modèle d'affaires (business model). Cette manière de faire permet effectivement d'appliquer un effet de levier intéressant sur la protection liée à l'avance. Mais selon l'article, qui cite l'auteur Kaplan, sa mise en œuvre est rendue difficile en raison de 8 attitudes contraires, dans lesquelles j'imagine qu'on se retrouve tous:
- un focus trop important sur le produit, en oubliant le contexte
- le regard des responsables IT pas assez tourné vers le futur (et une certaine peur du changement)
- la peur de tuer une poule aux œufs d'or (cannibalisation d'un produit phare)
- un certain autisme qui empêche d'aller à la rencontre de nouvelles idées décoiffantes
- une certaine schizophrénie qui invite des responsables d'unités opérationnelles à distraire des ressources au profit de l'innovation
- l'absence de critères de jugements adaptés
- le refus des électrons libres (tout le monde doit rentrer dans le moule)
- une certaine culture du secret qui pousse les innovateurs à ne confronter leurs innovations aux marché que lorsqu'ils les croient abouties
Finalement, la bonne nouvelle est que le monde évolue et qu'on voit poindre des réflexes culturels qui permettent d'aller à l'encontre de ces attitudes. Je pense à l'idée des versions beta qui met rapidement les nouveaux produits au contact des utilisateurs et leur permettent d'évoluer en fonction des réactions de ces derniers. Je pense aussi aux réseaux et médias sociaux qui permettent à chacun d'aller à la rencontre de personnes et d'idées au-delà de ses frontières habituelles...
Le tout est néanmoins conditionné par une remise en question personnelle, et ce n'est pas forcément l'étape la plus facile.