A ma grande surprise, l'intelligence collective s'est invitée lors du récent IES 2020 (+1) qui s'est tenu en ligne début mai (
ies2020.fr). Comme tous les deux ans depuis une décennie, j'avais proposé une communication, intitulée cette année "L'intelligence collective au service de l'intelligence stratégique". J'étais alors bien loin d'imaginer que je ne serais pas le seul à parler d'intelligence collective, à attirer l'attention sur les limites de la technophilie et revendiquer davantage d'humain(s) dans les processus de collecte et de traitement de l'information et des documents utilisés en support aux prises de décisions stratégiques. C'est d'ailleurs cette présence qui sera pour moi l'élément marquant de cette intéressante édition.
Selon mon habitude, j'ai proposé un article pour les minutes du colloque (pas un simple ppt) qui propose un point de vue opérationnel sur les bénéfices d'un travail collectif pour mieux comprendre son environnement, et donc mieux décider, avec un recours limité à quelque base de documents que ce soit. Cet article est à votre disposition à l'adresse
intelligence_collective_service_IS_IES2020.pdf .
En fait, on devrait aussi associer l'idée de la mémoire collective à cette manière de procéder puisqu'il s'agit de rassembler des bribes d'informations présentes dans diverses mémoires individuelles, de les rassembler et de les mettre en scène pour augmenter la compréhension d'une situation et donc augmenter la probabilité d'une meilleure décision. Cette démarche fait la part belle aux informations et connaissances tacites, voire implicites, celles qui sont dans les mémoires et analyses individuelles plutôt qu'aux informations et connaissances explicites, celles qui sont dans les documents et les bases de données. Bien sûr, les questions et les requêtes ne se construisent ni ne s'expriment de la même manière. Une équation booléeene aura peu d'effet sur un interlocuteur... Par contre, les mises en situations, la valorisation et le respect, les échanges entre pairs, le story-telling... sont autant de méthodes qui aident les individus à s'ouvrir et à plonger dans leurs souvenirs, mêmes les plus lointains.
Assurément, ce n'est plus tout à fait le même métier et la question fondamentale qui se pose est celle de la place de l'intelligence dans les processus d'intelligence stratégique à implémenter dans les organisations. Veut-on que l'intelligence soit dans les outils ou veut-on qu'elle soit dans les hommes? Veut-on des spécialistes capables d'interroger des bases de données, ou d'autres capables d'interroger les hommes? Sans surprise, le curseur se positionne idéalement entre les deux, mais où?
Le juste milieu varie selon les organisations, mais je ne peux que me réjouir de constater que dans des entreprises de toutes tailles, on rende de la valeur aux interactions humaines et que l'on se prépare à pousser le curseur vers davantage d'humain.