Une des particularités de l'intelligence stratégique, en tant que discipline, est qu'elle emprunte la plupart de ses méthodes et outils à d'autres disciplines. Là où la comptabilité repose sur un socle bien défini de règles et de normes, là où le marketing poursuit des objectifs bien définis et même là où le social listening se nourrit de sources bien indentifiées, l'intelligence stratégique (IS) est plutôt une affaire d'intention: mettre l'information au service des objectifs et de la stratégie de l'entreprise. L'information est utile pour bien comprendre son environnement et réduire les risques inhérents aux décisions à prendre. Et pour collecter, analyser, diffuser, activer, conserver des informations, l'IS n'a ni méthodologies ni outils propres. Elle se sert dans les autres disciplines, au gré de ses besoins. Le praticien de l'IS est donc tout à tour journaliste et enquêteur, spécialiste en BMC, SWOT, PESTEL et autres canevas et outils, animateur de groupes de réflexion, rédacteur et orateur, marketer et évangéliste...
Cette multimodalité est assurément un avantage pour évoluer dans le métier. Et les efforts de formation continuée gagnent à une certaine curiosité large, antithèse d'une spécialisation potentiellement castratrice. C'est cet état d'esprit qui m'a donné envie d'accorder de l'attention à ce récent article publié sur le site ina.fr et qui nous raconte comment quatre journalistes font parler leurs sources (Comment faire parler une source? Quatre journalistes dévoilent leurs méthodes - Mathieu Deslandes - 02-jun-2021 - https://tinyurl.com/4vy79yz7). Article d'autant plus intéressant que, dans ma pratique en tout cas, le renseignement humain régulièrement traité comme le parent pauvre. Quoique, lorsqu'il s'agit d'animer des séances de travail en intelligence collective, par exemple autour d'un canevas (BMC, carte d'empathie...), on retrouve les mêmes dynamiques et motivations que celles décrites dans ces quatre témoignages.
Ce qui est intéressant, dans cette série d'articles, c'est qu'elle nous rappelle que chaque source a son mode de fonctionnement. Et que chaque "journaliste/enquêteur" aussi. Que les motivations sont propres et individuelles. Que même si les fondements de l'indispensable confiance sont partagés, la construction de cette dernière dépend des interactions. Que le débit et la limpidité dépendent principalement de la source...
Et que finalement, notre combat est le même que celui des journalistes et des enquêteurs...