Jean-Dominique Michel est anthropologue de la santé (https://tinyurl.com/y8y8gpvn). Il étudie depuis longtemps les pratiques de santé à travers le monde. Son métier consiste à comprendre les littératures médicales. Ces dernières semaines, il s'est intéressé, comme tant d'autres, à l'évolution de l'épidémie du corona virus, principalement à partir d'observations personnelles alimentées par l'étude de publications scientifiques sur la question (procédé qui est au cœur de son activité professionnelle). Il a rendu public ses travaux et son point de vue au travers de nombreux articles, notamment ceux publiés sur son blog (https://tinyurl.com/y9spx3b4). A le lire, il est évident que ses analyses et points de vue vont à l'encontre des discours officiels. Il a publié, il y a quelques semaines, un livre intitulé "Anatomie d'une crise sanitaire" qu'il aurait voulu titrer "Anatomie d'un désastre". A l'occasion de deux interviews réalisées fin avril et début mai par le site www.athle.ch. Ces deux interviews sont disponibles sur youtube (https://tinyurl.com/y7s48f6s - https://tinyurl.com/y77xo78b). Si elles ont retenu mon attention, c'est que le discours est mesuré et bien construit. Bien sûr, il m'est impossible de pointer d'éventuelles erreurs factuelles ou propos destinés à tromper le public, néanmoins les discours est marqué du sceau du bon sens, en tout cas, lorsqu'il s'exprime sur des sujets que je comprends et connais quelque peu. Même lorsqu'il pointe des erreurs ou des aberrations logiques et décisionnelles et qu'il déconstruit une partie des discours officiels. Par ailleurs, les propos qu'il tient sur les pratiques d'analyses documentaires me semblent très en phase avec les bonnes pratiques qu'on attend de professionnels de l'information, au rang desquels les praticiens de l'intelligence économique. Une de ses remarques, qui doit retenir notre attention est relative à la gestion de crise. Son analyse est que notre monde occidental vient de faire la démonstration de son incapacité à gérer une crise, surtout dans son entêtement à vouloir respecter ses cadres normatifs au détriment du pragmatisme requis par l'urgence. Il qualifie cet aspect "d'imbécilité technique", faiblesse de pensée, en ce que notre maîtrise technique nous aveugle et nous empêche de trouver des solutions simples mais appropriées. Il pointe ensuite nos difficultés à sortir de pensées et de croyances erronées. Les scientifiques un peu moins que les politiques. In fine, à l'aune de nos pratiques d'intelligence stratégique, que peut-on retenir? Notamment:
se méfier des relations de causalité et de corrélations
lorsqu'on a travaillé des scénarios de crise, ne pas les oublier et en tenir compte
être attentif au fait que l'intelligence collective peut mal tourner
veiller à la qualité des processus de décision (et celle des personnes impliquées)