Dans la foulée de la cérémonie de remise des César, on assiste actuellement à quelques échanges à fleurets mouchetés autour de l'argent qu'aurait consacré Canal+ à la présentation de l'événement. Les 130.000 eur qu'aurait "touché" Florence Foresti incitent certains à crier au scandale. Ce qui retient mon attention dans cette polémique, ce n'est pas le montant évoqué. C'est plutôt sa vertu d'exemple pour comprendre certains mécanismes qui conduisent au "buzz". Que l'on retrouve régulièrement dans d'autres débats sur les sommes perçues par les uns et les autres. Mais pas que...
En l'occurrence, ce qui met le feu aux poudres, c'est le choix d'un vocabulaire qui gomme certaines nuances et qui invite aux raccourcis. Et qui fait mouche auprès d'une audience qui ne comprend ni les subtilités du vocabulaire, ni celles du contexte. Et à l'analyse, tout le monde, enfin, toutes les parties prenantes à la discussion, font preuve d'une certaine démagogie. D'un côté "Florence Foresti aurait touché 130.000 eur pour la présentation" (https://tinyurl.com/qsedfge), de l'autre elle déclare "n'avoir touché que 18.500 eur" et lance une brandille féministe sur l'es écarts salariaux entre hommes et femmes (https://tinyurl.com/t6dagnt). D'un côté, il y a compétition entre les expressions "a touché", "a facturé", "a gagné"... et de l'autre confrontation en "cachet", "salaire", "rémunération", "a touché", "a gagné"... ensemble de termes qui, si ils sont proches, recouvrent des réalités plus nuancées. D'autant que tout ce débat se déroule globalement sans référence aux prestations couvertes (présentation, préparations, équipes, techniques...) par le contrat, même si l'affirmation "elle a touché 130 000 euros, dont 30 000 euros pour ses auteurs" soulève un coin du voile. Et en bout de course, ce qui est revenu effectivement revenu à Florence Foresti, sans doute en lien avec son talent, plus sûrement avec ses prétentions, est un montant augmenté d'optimisation fiscale, voire stratégique. Ce qui, par ailleurs, jette du discrédit sur le sortie féministe.
On devrait croire que ceux qui s'expriment sur le sujet sont bien au fait de toutes ces subtilités et qu'ils choisissent le vocabulaire en connaissance de cause. Par contre, les réactions du public montrent qu'ils sont nombreux à ne pas saisir les nuances ni de vocabulaire, ni contextuelles, et à s'enflammer sur base du sens induit.
Finalement, il est probable que la fake news naît davantage de la réaction de ceux qui réagissent aux raccourcis que de ceux qui ont tendent le piège. Mais ce constat n'exonère en rien ces derniers de leurs responsabilités. Et il devrait nous inciter à la prudence lorsqu'on décide de participer au débat. Ne le faire qu'en pleine conscience de l'impact et des conséquences des mots que l'on choisira pour s'exprimer.
Et gardons à l'esprit que dans les échanges que nous ne comprenons pas en totalité, il est fort probable que les mêmes mécanismes soient à l'oeuvre...