On pourrait reformuler cette question en "la mission de l'intelligence stratégique est-elle la maîtrise totale et permanente de l'information?" Pour moi, ceux qui imaginent une réponse positive à cette interrogation vivent dans un dogme, et pas dans la vie réelle. Non, l'intelligence stratégique (pas plus que l'IE, du reste) n'est destinée à tout savoir, tout de suite, tout le temps. D'ailleurs, cet ordre de mission est impossible à réaliser.
J'ai bien aimé l'article "L’intelligence économique, une arme méconnue" publié par Medhi Atmani le 9 avril 2018 sur le site www.pme.ch même si je ne souscris pas à tout ce qui'il y dit (
https://tinyurl.com/whkye8z). Mais il y partage des constats qui renforcent cette idée que l'IS ne peut pas vivre avec cette quête d'absolu:
- on peut s’appeler Volkswagen et ne pas maîtriser toutes les informations stratégiques de son écosystème
- Tous les moyens sont bons pour nuire à la concurrence, mais certains sont discutables, voire illégaux
- une information difficile d’accès, de bonne qualité et légale nécessite généralement de l’expertise, du temps et des ressources que les PME n’ont pas toujours
- les petites PME n’ont généralement pas les moyens de développer une cellule de veille stratégique à l’interne
L'idéal est sans doute de renverser le paradigme. Quitter le posture initiale de mise en place de systèmes et mécanismes de collectes d'informations plus ou moins ciblées pour adopter celle de l'identification des décisions à prendre, des informations manquantes ou souhaitées et d'y assigner un calendrier et un budget (vision projet) qui guideront le choix des sources et des ressources (internes ou externes). Et dans une telle posture, les questions du ROI et de la disponibilité des moyens ne se posent plus trop. En tout cas, elles sont traitées en amont et si le projet d'IE est lancé, c'est qu'il est considéré comme pertinent et rentable...