En ces moments où la chasse aux fakes news bat son plein, il est aussi intéressant de s'interroger sur les mécanismes de leur naissance. Et de notre responsabilité en la matière.
Le cas présent,qui tient sans doute plus de la mauvaise information (mis-information) que de la fake news, illustre quelques biais comportementaux, assez classiques, au demeurant, qui peuvent mener à la diffusion ou la confirmation de de fausses idées ou de sentiments négatifs.
Le site HBRFrance a publié récemment un article intitulé "
Petit manuel de contre-espionnage à destination des entreprises" (05.11.2019 -
https://tinyurl.com/yxw87oex). A en croire le titre de l'article, son auteure, présentée comme experte en stratégie, souhaite aider les entreprises à se défendre contre les effets néfastes d'actions d'espionnage menées à leur encontre. L'ambition est louable et les traditionnels contrôles de qualité du document donnent un feu vert (HBR France est une source réputée pour la qualité de ses articles, le CV de l'auteure semble de qualité et pertinent).
Pourtant, cet article comporte quelques faiblesses qui, à mon sens, réduisent considérablement l'intérêt que mérite cet article:
- il est survendu, il parle davantage du problème (espionnage) que de solutions , sans doute dans le but de jouer sur la peur
- il est absolu, il parle "des entreprises", concept qui inclut à priori autant les grandes entreprises que les petites, alors que dans les faits, la plupart des informations et affirmations sont liées aux plus grandes entreprises; légitimement, les lecteurs issus du monde des PME se sentiront exclus et sentiront naître quelques sentiments négatifs
- il présente des posture dogmatiques, sans nuances et sans véritables liens avec l'inévitable pragmatisme de terrain
- quelques informations ont été altérées dans le processus de copier/coller, ainsi l'affirmation "The pharmaceutical industry accounts for 27% of companies that spend more than $2 million on competitive intelligence" est devenue "un quart des laboratoires pharmaceutiques espionnent la concurrence, dépensant pour ce faire pas moins de 2 millions de dollars par an", traduisant "competitive intelligence" par "espionnage"...
Je ne doute pas que dans la tête de l'auteure, ces biais n'existent pas et qu'ils ont été introduits durant la rédaction de l'article. A nous donc, lecteurs et rédacteurs, de rester attentifs et de ne pas se laisser prendre par ces biais:
- journalistes ou pas, nous devons vérifier les informations que nous utilisons et s'abstenir de véhiculer des informations dont nous ne sommes pas sûrs
- rédacteurs, curateurs... nous devons être attentifs à bien contextualiser nos propose et s'assurer que notre expression écrite ne soit pas réductrice...