Cette citation est tirée d'un article que l'on doit à Franck Bulinge et Nicolas Moinet dans la revue Securité et Stratégie en 2013 et publié sur le site cain.info début juin 2015 (
https://tinyurl.com/y5gtqt4s). Sous le titre "
L'intelligence économique: un concept, quatre courants", les auteurs constatent la co-existence de quatre visions de l'intelligence économique, de quatre communautés de pratiques et donc de quatre publics. En l'espèce, les quatre courants identifiés sont:
- la guerre économique
- la sécurité économique
- la compétitivité économique
- la diplomatie économique
Et les auteurs de conclure que "...aucune posture est plus représentative de la réalité qu’une autre et donc préférable. La réalité perçue dépend du regard que portent les acteurs sur le monde d’où l’importance d’une mise en évidence des différents courants épistémologiques sur lesquels peut reposer une démarche d’IE en accord ou contrainte par la culture et la politique de chaque organisation (entreprise, collectivité, Etat)".
Ils constatent également que "...les pratiques observées en IE ne reflètent pas la définition qui en a été donnée par le rapport Martre en 1994, où l’intelligence économique est définie «comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques»". Ils citent ensuite la définition proposée par F. Bournois et P.J. Romani, plutôt pour le courant "compétitivité économique" qui voient l'I.E. comme "Une démarche organisée, au service du management stratégique de l’entreprise, visant à améliorer sa compétitivité par la collecte, le traitement d’informations et la diffusion de connaissances utiles à la maîtrise de son environnement (menaces et opportunités); ce processus d’aide à la décision utilise des outils spécifiques, mobilise les salariés, et s’appuie sur l’animation de réseaux internes et externes." Je dois avouer que cette vision me convient.
Je terminerai en évoquant les biais liés à l'utilisation du terme compétitivité. Dans sa principale acception, ce terme invite à une corrélation avec une idée de leadership et de volume des parts de marchés. Certes, c'est pertinent pour les plus grandes entreprises, celles qui veulent défendre des positions (chèrement) acquises, ainsi que pour celles qui poursuivent des stratégies de conquêtes et de croissance. Mais à côté d'elles, il y a des myriades de petites entreprises, populations de marchés en concurrence (presque) parfaite dont la compétitivité économique n'est pas le souci principal. Bien sûr, en matière de performances économiques, elles doivent éviter l'arrière du peloton mais leurs objectifs, leurs stratégies, leurs atouts émergent d’autres considérations. Et elles aussi gagnent à s'inscrire dans une démarche d'intelligence économique, qui ne serait pas focalisée prioritairement sur les produits et leurs dynamiques. Leurs avantages comparatifs pourront plutôt ressortir de leur raison d'être, mission, vision, valeurs, de leur compréhension des attentes de leurs cibles, de leur localisation...