C'est une évidence, nous sommes tous tristes du destin de la cathédrale de Paris, et nous nous réjouissons de la volonté affichée par tant de personnes de se mettre au travail rapidement pour la remettre en état. Malgré le mise en avant de quelques désolantes contradictions de notre société. Après, la vie continue...
De mon point de vue d'observatoire de l'information, je trouve la séquence que nous vivions actuellement assez intéressante. La masse d'informations, d'avis, de commentaires charriés par la presse et les autres espaces d'expression (réseaux sociaux) nous donne un bel échantillon de fake news, contre-vérités, affabulations... c'est selon. Profitons donc de l'occasion pour nous exercer à distinguer ce qui est information de ce qui ne l'est pas, et dans cette dernière partie, à distinguer ce qui relève de la manipulation, de la maladresse ou de l'incompétence... (le terrain est propice car il est facile de retrouver la source des prises de parole).
Il y a une information que ne souffre aucune discussion, c'est l'incendie qui a ravagé la toiture de la cathédrale. Il s'agit d'un fait avéré, qui reste vrai quelque soit la qualité de la source. Et bien sûr, il y en a d'autres.
Quand Macron affirme que la cathédrale sera reconstruite d'ici 5 ans, l'information n'est pas que les travaux seront terminés en 2024. Il s'agit-là plutôt d'une affirmation, d'un espoir, d'un engagement... L'information est que Macron s'est exprimé au lendemain de l'incendie. Il en va de même des intentions de dons pour lesquelles l'information est la déclaration d'intention faite par l'un ou l'autre, pas le don lui-même.
Même dans une phrase affirmative, l'idée que l'incendie serait accidentel n'est pas non plus une information, puisque le faite n'est pas encore avéré. Il s'agit d'une hypothèse, voire d'une supputation.
Par contre, bien que cela ait été relayé par un certain nombre de médias, comme on a pu l'entendre de quelques médias, que la flèche de la cathédrale avait été restaurée par Violet-Leduc, ce n'est pas de l'information, puisque c'est factuellement faux. On est-là en face d'une certaine légereté professionnelle que l'ignorance ou la précipitation pourront difficilement justifier.
Dans la même veine, le commentaire d'un quidam au détour d'un micro-trottoir, qui affirme que la charpente était âgée de plus de 1.200 ans n'est pas davantage de l'information. L'information est plutôt dans l'état émotionnel de la personne interrogée. On pourra toutefois se demander pourquoi (comment) les journalistes ont laissé passer cette bêtise, sans même la relativiser...
On pourra aussi remarquer que de nombreux journaux publient des articles qui ne sont jamais que des paraphrases des mêmes communiqués (d'agences ou de presse). On les reconnaît facilement aux emprunts évidents. Mais, on n'est jamais à l'abri de glissements sémantiques, et de sens, consécutifs à des choix stylistiques ou dramaturgiques, fonctions de l'implication d'auteurs qui réécrivent plus ou moins les communiqués. Pour preuve, cet extrait "
Pour assurer les travaux autour de la flèche, désormais disparue, un échafaudage électrifié avec ascenseurs et éclairage aux néons avait été installé autour du toit et de son immense charpente en bois de chêne, tous deux engloutis par les flammes" (toutes les photos montrent que l'échafaudage est loin d'avoir été englouti...) Au demeurant, ce n'est pas très grave, tant que le contexte permet de faire la part des choses et de garder l'église au milieu du village.
Alors, profitons bien de l'occasion pour apprendre à bien discerner les informations du reste et à bien distinguer les fake news d'autres dérives. Ce sera sans doute plus efficace que bien des lois.