Chers lecteurs, depuis quelques jours, je n'ai plus guère publié... C'est bien sûr la situation que nous vivions qui est à l'origine de cette "baisse de régime". Mais je vous rassure tout de suite, je suis toujours en bonne santé, mais en télétravail et confiné depuis près de 2 semaines. Et je dois à la vérité de dire que depuis ce moment, je n'ai plus vraiment la tête à cela. Outre le fait que ma routine matinale, le moment que je consacre d'habitude à la rédaction de mes billets, est une des victimes de la situation, mes moments de réflexion et de créativité personnels sont consacrés prioritairement à l'entretien des liens avec mes collègues.
Il se pourrait d'ailleurs que de temps à autres, je partage quelques autres productions avec vous, comme cet exercice de sketchnoting. Le moment est effectivement propice aux investissements dans des sujets et des activités délaissés.
Gardons le sourire, le moral et prenons soin de nous...
La situation de "lockdown" ou confinement, c'est selon, que nous sommes forcés à vivre va inévitablement nous donner du temps. Bien sûr, les premiers jours de télétravail vont être consacrés à résorber certains retards, mais il y a fort à parier que peu de nouvelles tâches/projets vont faire irruption dans votre paysage. Après quelques jours, l'ennui s'installera... Profitons-en pour découvrir et progresser dans des domaines qui, habituellement, ne font pas partie de nos priorités.
Nombreux sont ceux qui reconnaissent le pouvoir des dessins (images) lorsqu'ils sont utilisés pour passer des idées ou des informations à la place de mots (pensée visuelle). Nombreux sont aussi les outils et méthodes qui mettent les dessins à l'avant plan. On connait tous les cartes mentales, la facilitation graphique, le sketchnoting... On voudrait bien les utiliser, mais timides par rapport à nos capacités en dessin, on préfère croire qu'ils sont réservés à certains professionnels du dessin.
Eh bien non! Tout le monde sait dessiner et peut utiliser le dessin dans ses communications. Bien sûr, tout le monde n'est pas Hergé ou Walt Disney. Mais l'idée n'est pas non plus de réaliser des bandes dessinées ou des dessins animés. L'objectif est sans doute plus en phase avec l'idée de porter le Pictionary à un niveau supérieur. En fait, le plus difficile n'est pas tant le dessin que de s'approprier du vocabulaire (dessins facilement réalisables) et une grammaire (articulation des dessins pour leur donner du sens).
Pour commencer par l'écriture, le dessin, je ne peux que recommander les conseils de Graham Shaw, plus particulièrement son intervention à l'occasion de TEDx Hull le 1er avril 2015 (Why people believe they can’t draw - and how to prove they can - https://tinyurl.com/ohu7utx). Il y démontre avec brio que chacun peut dessiner. Que cette video soit pour vous le point de départ d'une brillante carrière de facilitateur graphique (le web vous donnera de nombreuses ressources pour acquérir de nouveaux éléments de vocabulaire et la situation actuelle vous donnera du temps pour faire vos gammes...).
Ceux qui veulent aussi acquérir de la grammaire peuvent aussi se procurer l'excellent livre de Dan Brown "Convaincre en deux coups de crayons" (isbn-978-2-7101-20544).
Gageons que tous les lecteurs de ce billet connaissent le tableur Excel et l'ont même déjà (largement) utilisé. Les plus anciens pourront aussi se targuer d'avoir aussi utilisé un de ses prédécesseurs comme Lotus 123 ou VisiCalc. Parce que si les tableurs ne sont pas nés Ms-Excel, c'est le logiciel de Microsoft qui a gagné la partie contre tous ses concurrents. Et ce n'est pas tant la qualité du produit (à l'époque), ni sa précocité (VisiCalc et Lotus 123 étaient précurseurs), qui l'ont propulsé au firmament que son intégration dans la suite Office imaginée par Bill Gates et ses équipes.
Qui se souvient que le premier de tous les tableurs est le VisiCalc de Dan Bricklin? Et que son logiciel a été une des premières pierres du succès d'Apple et de ses Apple II. Qu'il a été rapidement suivi par 123 de Lotus, qui a fortement contribué au succès des premiers Personal Computers d'IBM.
Il y a quelques années, en novembre 2016, Dan Bricklin a évoqué la genèse du premier tableur à l'occasion d'une conférence TEDxBeaconStreet (https://tinyurl.com/va8ssh4). Il y raconte comment l'étudiant MBA à Harvard frustré de devoir répéter sans cesse des calculs sur sa calculatrice, et faire face à de nombreuses erreurs, a cherché et a réussi à se faciliter le travail et accroître ses performances. C'était en 1978 et quelques mois plus tard, fin 1979, VisiCalc était lancé sur le marché...
Les petits curieux qui souhaiteraient en savoir plus sur cette aventure entrepreneuriale peuvent visiter le dite web personnel de Dan Bricklin (http://www.bricklin.com/).
Dans le cadre de l'accompagnement d'une start-up, je viens de travailler sur sa candidature à un programme d'aide au financement, plus particulièrement sur le speech de présentation et de conviction. Les instructions étaient simples: présentation de l'entreprise et de son projet - 7min + 10min Q&R. Le projet de présentation était académique: quelques slides, beaucoup de bullet points, présentation de ce que l'entreprise fait, le tout pour être délivré dans les 7 premières minutes, rien de prévu pour les 10min de Q&R. La présentation est égocentrique, délivre principalement du quoi et un peu de comment, elle ne demande rien (suppose un bénéfice implicite)... (voir Le cercle d'or de Simon Sinek, bon pour les entreprises, mais bon aussi pour les politiques... - https://tinyurl.com/vve59jh)
Une lecture empathique des instructions peut changer la posture. Dans le cadre d'un tel "beauty contest", le jury doit sélectionner les quelques projets les plus... convaincants/ enthousiasmants /brillants... La première partie, parole libre, est le moment de convaincre/ enthousiasmer/ briller. La deuxième partie est une opportunité pour le jury de demander des informations complémentaires qui n'auraient pas été délivrées durant la première partie. Et si cette lecture nous incitait à développer une présentation sur un autre scénario: en 7 minutes, se focaliser sur le "pourquoi" du projet (le why de Simon Sinek), raconter l'histoire en la parsemant de quelques informations plus précises (date de création, objectifs rencontrés, ventes réalisées, personnel occupé...). Tout cela en trois étapes:
pourquoi l'entreprise existe (la raison d'être de l'entreprise)
l'entreprise veut être plus performante dans son pourquoi
l'entreprise à besoin de vous, jury
Les 10 minutes de Q&R seront alors un moment mis à profit par le jury pour aller à la pêche des informations qui leur manque (quoi, comment). Bien sûr, comme il est impensable d'être surpris par ces questionnements, ces aspects auront fait partie de la préparation, éventuellement même des dias auront été préparées...
Cette démarche a subi avec brio le test de "la petite fille" (à défaut de grand-mère sous la main . Elle a largement préféré la deuxième version. Et le jury aussi a beaucoup apprécié et a fortement et chaleureusement félicité le porteur de projet pour son énergie et son enthousiasme. Il l'a d'ailleurs sélectionné
Dans la foulée de la cérémonie de remise des César, on assiste actuellement à quelques échanges à fleurets mouchetés autour de l'argent qu'aurait consacré Canal+ à la présentation de l'événement. Les 130.000 eur qu'aurait "touché" Florence Foresti incitent certains à crier au scandale. Ce qui retient mon attention dans cette polémique, ce n'est pas le montant évoqué. C'est plutôt sa vertu d'exemple pour comprendre certains mécanismes qui conduisent au "buzz". Que l'on retrouve régulièrement dans d'autres débats sur les sommes perçues par les uns et les autres. Mais pas que...
En l'occurrence, ce qui met le feu aux poudres, c'est le choix d'un vocabulaire qui gomme certaines nuances et qui invite aux raccourcis. Et qui fait mouche auprès d'une audience qui ne comprend ni les subtilités du vocabulaire, ni celles du contexte. Et à l'analyse, tout le monde, enfin, toutes les parties prenantes à la discussion, font preuve d'une certaine démagogie. D'un côté "Florence Foresti aurait touché 130.000 eur pour la présentation" (https://tinyurl.com/qsedfge), de l'autre elle déclare "n'avoir touché que 18.500 eur" et lance une brandille féministe sur l'es écarts salariaux entre hommes et femmes (https://tinyurl.com/t6dagnt). D'un côté, il y a compétition entre les expressions "a touché", "a facturé", "a gagné"... et de l'autre confrontation en "cachet", "salaire", "rémunération", "a touché", "a gagné"... ensemble de termes qui, si ils sont proches, recouvrent des réalités plus nuancées. D'autant que tout ce débat se déroule globalement sans référence aux prestations couvertes (présentation, préparations, équipes, techniques...) par le contrat, même si l'affirmation "elle a touché 130 000 euros, dont 30 000 euros pour ses auteurs" soulève un coin du voile. Et en bout de course, ce qui est revenu effectivement revenu à Florence Foresti, sans doute en lien avec son talent, plus sûrement avec ses prétentions, est un montant augmenté d'optimisation fiscale, voire stratégique. Ce qui, par ailleurs, jette du discrédit sur le sortie féministe.
On devrait croire que ceux qui s'expriment sur le sujet sont bien au fait de toutes ces subtilités et qu'ils choisissent le vocabulaire en connaissance de cause. Par contre, les réactions du public montrent qu'ils sont nombreux à ne pas saisir les nuances ni de vocabulaire, ni contextuelles, et à s'enflammer sur base du sens induit.
Finalement, il est probable que la fake news naît davantage de la réaction de ceux qui réagissent aux raccourcis que de ceux qui ont tendent le piège. Mais ce constat n'exonère en rien ces derniers de leurs responsabilités. Et il devrait nous inciter à la prudence lorsqu'on décide de participer au débat. Ne le faire qu'en pleine conscience de l'impact et des conséquences des mots que l'on choisira pour s'exprimer.
Et gardons à l'esprit que dans les échanges que nous ne comprenons pas en totalité, il est fort probable que les mêmes mécanismes soient à l'oeuvre...
Le "buzz" coronavirus n'échappe pas à la règle et génère son inévitable lot de fake news. Et il nous donne aussi l'occasion d'observer la genèse de certains d'entre-eux...
Il y a deux jours, le Dr Devos, médecin au CHC de Liège et par ailleurs président de l'Absym, le plus grand syndicat de médecins de Belgique, autant de qualités qui font de lui une source réputée fiable, publiait sur son blog un billet intitulé "Coronavirus: Armageddon ou Foutaise?" (https://tinyurl.com/s4wl2u9) Il s'y livre à quelques mises en garde justifiées par quelques évaluations chiffrées. Il avance notamment un potentiel de 850.000 personnes infectées en Belgique, une incapacité pour le secteur hospitalier de traiter 52.000 personnes avec les 1.400 lits disponibles, 100.000 professionnels de la santé infectés... Juste de quoi alimenter la panique ambiante.
En cause, des hypothèses simplificatrices, des raccourcis douteux, des biais de raisonnements, des facilités de langages... autant de éléments qui contribuent à l'émergence de fausses informations. Et de la part d'un homme que le parcours doit avoir confronté avec succès à la rigueur scientifique, on ne peut que s'en étonner et il est tentant de se dire que ce n'est pas fortuit et que le propos doit servir une intention. A titre d'exemples:
au départ d'une situation de souris de laboratoires (100 personnes dans une boite, dont une contaminée) laisser croire que 24% de la population pourrait être contaminée en 3 semaines
à partir d'une moyenne annuelle, prédire 850.000 contaminations en Belgique, mais en gommant le facteur temporel
confronter le nombre de lits disponibles, en le précisant petit à petit pour en arriver à le limiter à 140, sans appliquer la même démarche au nombre de patients estimés pouvant avoir besoin d'un lit (52.000)
appliquer une bête règle de trois sur base d'une statistique peu pertinente (en Chine, 12% des contaminés sont des soignants - ce qui est différent de x% des soignants sont contaminés) pour prédire 100.000 soignants contaminés pour un pays dans lequel le nombre des personnes qui pratiquent dans le monde de la santé est de l'ordre de 150.000 en 2018 (https://tinyurl.com/qwk4bxy)...
En prolongeant l'exploitation des chiffres du Dr Devos, avec la "même rigueur scientifique" que lui, on pourrait assez aisément annoncer:
3.000.000 de belges touchés en 3 semaines (24% de la population)
que tous les belges seront touchés par le coronavirus (puisqu'il y a fort à parier que tous les belges ont contracté au moins une fois la grippe)
En conclusion, gardons en tête qu'il faut toujours garder un esprit critique face aux informations qu'on nous communique et que "la bonne tête" de l'auteur ou de la source n'est pas un gage suffisant de qualité. Et d'ailleurs, on devrait s'interroger sur les motivations et la qualité des journalistes qui mettent en avant, dans des (titres d') articles, des chiffres et affirmations tellement sujets à controverses. Heureusement qu'il y en a d'autres qui sont plus critiques.
Un dessin, une photo, valent 1000 mots. Voilà une idée reçue qui nous pousse régulièrement à illustrer nos propos, documents... et autres présentations. Pourquoi pas.
A l'occasion de la préparation d'une prochaine intervention sur le thème de la validation des informations, et donc sur la chasse aux fake news, je prépare une réponse à l'inévitable question: "pourquoi ne parlez-vous pas des images?" Parce que oui, en fait non, je ne traite pas des images dans le cas de telles interventions.
Pratiquant la photographie, je suis bien placé pour savoir que, non, une image ne vaut pas (toujours) 1000 mots! Que du contraire, une image ne vaut que par les mots qui l'introduisent! Il n'y a effectivement rien de plus facile de présenter une photo pour ce qu'elle n'est pas. Il suffit de quelques mots pour romancer un contexte. Et notre imagination, habituée aux ellipses, se chargera de (re)construire l'histoire initiée par l'introduction. A titre d'exemple, les trois photos en illustration, bien qu'ayant été prises dans des circonstances très différentes (pays, lieux, contextes... dont une prise chez Ikea) pourraient illustrer les mêmes histoires. D'ailleurs, la presse en joue régulièrement en nous proposant des images "d'illustration" plus ou moins bien présentées comme telles.
Natalia Taylor, une "influenceuse" US vient d'en faire une éclatante démonstration. Elle a piégé ses "followers" en leur faisant croire à une virée à Bali illustrée par des photos prises dans un magasin Ikea. La presse en a parlé assez abondamment (ex: Une influenceuse simule des vacances à Bali en posant dans un Ikea - https://tinyurl.com/sade7nv). Notons au passage que cette initiative est assez étonnante de la part d'une personne qui semble monnayer ses publications. Cracherait-elle dans la soupe?
Voilà pourquoi, dans mes activités de collecte d'informations, je n'accorde qu'une attention très relative aux images. En tout cas, pas pour les informations explicites qu'elles prétendent me donner. Par contre, pour les informations tacites ou implicites...
« Page précédente
(Page 1 de 1 sur 7 billets au total)
Page suivante » Page d'accueil
Exercice d'été - à la découverte de modèles d'affaires