J'ai beaucoup aimé le récent article que Patrick Cuenot a consacré à sa présence au salon I-Expo 2019 qui s'est tenu il y a quelques jours (
I-EXPO 2019: un regard sur les pratiques de la veille -
http://tinyurl.com/y4sap7x7). Il nous y brosse un panorama du monde de la veille, bien charpenté, bien documenté. Et ce qui ne gâche rien, surtout pour les personnes qui découvrent cet univers, en fait d'article, il propose la liste complète (et impressionnante) des personnes citées, et des sources, avec les liens pour les découvrir plus en profondeur.
La photographie qu'il nous propose, de ce qui était visible à l'occasion de ce salon, n'est pas de nature à changer mon opinion sur l'évolution du marché et des pratiques d'intelligence économique. Notamment celle que j'exprimais dans un billet, que cite Patrick Cuenot dans on article, évoquant le 25ème anniversaire du concept d'intelligence économique à la française (12.03.2019 -
L'intelligence économique aurait 25 ans - joyeux anniversaire, dans l'indifférence générale? -
http://tinyurl.com/yxujy2sy). On y retrouve les mêmes focus que l'on répète depuis si longtemps:
- l'importance de la collecte d'information et donc des outils idoines (plus est mieux...)
- la maîtrise de la recherche booléenne (dont d'aucuns se plaignent de la disparition progressive...)
- la complexification des outils et des traitements automatisés (émergence des techniques de visualisation, de l'IA...)
- la surveillance des réseaux sociaux (plutôt pertinents dans des démarches de veille marketing ou de market intelligence...)
Bien sûr, ces aspects ont de l'importance, et ils répondent aux attentes d'une frange de la population des entreprises, les plus grandes. Mais cette frange est minoritaire et ces focus ne sont vraiment utiles que lorsque certaines compétences et méthodologies sont déployées et acquises (mais qui sont plutôt absentes du compte-rendu proposé par l'auteur). Enfin, c'est ce qui ressort de mes nombreux contacts avec les PME et TPE, et qui est aussi manifestement teinté de ma pratique en intelligence stratégique et pa économique:
- la capacité ou la volonté du chef d'entreprise de se projeter dans l'avenir et de tracer sa propre route (et pas de réagir aux évolutions des autres)
- la capacité à exploiter l'information et les bonnes idées/intuitions) détenues par le personnel de l'entreprise (via des méthodes d'intelligence collective)
- la capacité à déterminer ce qui est véritablement stratégique pour son entreprise
L'ambition des entreprises qui souhaitent permettre à leurs clients de libérer du temps pour analyser les données est à encourager. Mais dans le même temps, il faudrait aussi promouvoir les outils et méthodes permettant aux entrepreneurs d'analyser les informations auxquels ils ont accès et en tirer des enseignements facilitant les prises de décisions.
Je reste donc persuadé que le salut pour une intelligence économique/stratégique favorablement accueille et attendue par le plus grand nombre des entreprises passe par un recentrage sur les pratiques, les méthodes et les outils (non technologiques) leur permettant de poser les bonnes questions, d'apporter des éléments de réponse et de les analyser pour répondre aux questions et prendre des décisions. Et si elle n'y fait gaffe, l'intelligence économique se fera étouffer par l'intelligence collective...