Dans ce récent article de Elsa Conesa publié il y a quelques jours dans Les Echos, s'il s'avère exact, il y a de quoi se réjouir mais également de quoi s'inquiéter (Bourse: ces messages cachés dans les rapports annuels des entreprises - https://tinyurl.com/y4g6xg2d).
Il nous apprend que les rapport annuels des entreprises, exercice pourtant largement convenu, seraient truffés d'indices permettant de prédire l'avenir. Ce constat vient d'une étude réalisée par Lauren Cohen, Christopher Malloy, Quoc Nguyen chercheurs à la Harvard Business School et à l'Université de Chicago. Dans leur rapport, intitulé Lazy Prices, ils constatent notamment que (tous) les rédacteurs ont une tendance naturelle (paresse) à reprendre des textes par défaut. Sauf à devoir passer un message particulier, qui sort de l'ordinaire. Et ils ont pu observer ce fait dans de nombreux rapports annuels, dans lesquels les difficultés avérées et les mauvaises perspectives se cachent derrière de subtiles évolutions des textes (https://tinyurl.com/y42zxkfu).
En fait, je vois deux bonnes nouvelles. La première est que le bon usage de la langue et de l'expression écrite ont encore de l'importance et retiennent toujours l'attention de ceux qui doivent partager des messages importants. Leur challenge est de passer subtilement les messages, surtout les mauvais ou les plus négatifs. Tout un art... La deuxième nouvelle, c'est l'impression que, contrairement à ce que certaines analyses à posteriori peuvent nous laisser croire, les dirigeants d'entreprises sont en général assez lucides sur l'évolution de leurs activités. Heureusement, serait-on tenté de dire, en tout cas pour ceux qui en douteraient, malgré certaines tendances à réécrire l'histoire lorsque la chute n'est pas politiquement correcte, pour rejeter la faute sur le manque de chance ou quelques erreurs d'autrui.
La mauvaise nouvelle est que les lecteurs semblent, eux, étrangers à cette pratique et qu'ils passeraient à côté de différents niveaux de lecture. Par facilité, sans doute, à moins qu'il ne s'agisse de précipitation, ils favorisent grandement les discours explicites au détriment des messages tacites...
Une fameuse pierre dans le jardin de ceux qui pensent que la maîtrise de la langue n'est pas/plus une compétence importante/fondamentale. Parce que pour lire entre les lignes ce que des rédacteurs aguerris cherchent à mettre en avant/cacher, mais pas de trop, pour quand même assurer leurs arrières, il faut des lecteurs rompus à l'exercice qui maîtrisent le vocabulaire, la grammaire et l'art de faire parler les mots... A nous, collecteurs et analystes d'informations, de ne pas tomber dans le panneau et de rester attentifs aux changements lexicaux, même les plus infimes, pour y déceler les informations les plus croustillantes...