Je ne sais si c'est la conséquence d'une mauvaise nuit, ou d'un jus de chaussette matinal, mais ce matin la lecture d'un mémoire (TFE niveau Master) m'a particulièrement exaspéré. Le niveau de maîtrise de la langue était tel qu'il rendait la compréhension du propos particulièrement difficile et fastidieuse, forçant le lecteur à se battre avec des choix de vocabulaire peu appropriés, des contre-sens, des phrases sans queue ni tête, d'innombrables coquilles te autres fautes d'orthographe et grammaticales. Certes, ce document a été rédigé en français par un étudiant d'une université maghrebine, mais cela ne peut ni tout expliquer, ni tout justifier. D'ailleurs, cela me rappelle furieusement les quelques travaux de fin d'étude que je viens de relire, il y a quelques jours et qui ne brillaient pas non plus par la qualité de leur expression écrite...
Les étudiants, et certains pouvoirs organisateurs (d'enseignement), voire hommes politiques, semblent considérer que ce n'est pas très important, et que l'on peut faire le sacrifice d'une bonne (excellente?) expression. Que du moment que l'on peut se faire comprendre de son interlocuteur, c'est bien (suffisant?), que le contexte peut gommer les imperfections et les scories de la langue. Pour ma part, je suis convaincu du contraire, et je peste à chaque fois que je dois passer du temps à décrypter quelques phrases mal torchées et à me projeter dans des relations de cause à effet et autres corrélations foireuses. Et à chaque fois je me demande s'il s'agit, dans le chef du rédacteur, de désinvolture ou de mauvaise formation et, surtout, si l'auteur comprend et maîtrise le sujet sur lequel il s'exprime...
Dans le premier exemple, c'est l'information qui est stratégique dans le titre, alors que dans le texte c'est plutôt le système. A moins que je ne sois induit en erreur par une mauvaise maîtrise du pluriel... Et la confusion est permanente.

Le deuxième exemple est une phrase qui dont le sens ne saute pas aux yeux. Et c'est bien peu dire... Comme je n'ai rien compris, quelle idée dois-je me faire de la compréhension de l'auteur?
La lecture du troisième extrait soulève légitimement la question de la bonne compréhension du concept de "stratégie". Et au-delà, elle met en évidence le caractère dogmatique (binaire?) de certaines théories, en l'occurrence ici, "toutes les entreprises doivent développer des avantages concurrentiels durables... et s'inscrire dans une démarche d'innovation..."

Je vais m'arrêter ici... En souhaitant que les jeunes prennent la pleine mesure de l'importance de la langue, surtout pour des métiers comme les nôtres, dans lesquels les mots tiennent une place prépondérante. Qu'ils comprennent que leur expression écrite (et même orale, d'ailleurs) informe les autres sur leur capacité à comprendre et à se faire comprendre. Pour certains métiers, c'est capital. Et que pour ma part, je n'aurais aucune envie de collaborer avec des personnes qui ne maîtrisent pas correctement leur langue de travail. S'il ne parviennent pas à s'exprimer clairement et correctement, comment pourrais-je croire qu'ils comprennent ce qu'ils lisent ou ce qu'ils entendent... Je ne les engagerais donc pas...