Réflexion

Je découvre ce matin la tristesse du CEO de Nokia que nous présente un article du 9 mai dernier (Nokia CEO ended his speech saying this “we didn’t do anything wrong, but somehow, we lost - http://tinyurl.com/hrwj2ke). Il y exprime son sentiment d'avoir failli sans avoir commis de faute ou d'erreur, et d'avoir dû se résigner au rachat de son entreprise par Microsoft.
Il constate que les changements ont été trop rapides pour son entreprise, qui n'a pas su s'adapter et rester compétitive. Il constate une carence en apprentissage et en évolution. Le message de l'auteur de l'article, le consultant Rahul Gupta tient en quelques mots: si vos pensées et votre état d'esprit n'évoluent pas avec le temps, vous êtes éliminés! J'y vois un magnifique plaidoyer pour l'intelligence stratégique qui est justement un état d'esprit et un ensemble d'outils et de méthodes pour suivre l'évolution de l'environnement et rester en mesure de décider si oui, ou non, on essaie de rester dans le vent. Et comment... 

Ceux qui me suivent régulièrement savent que je suis adepte de ce que j'appelle "intelligence stratégique frugale". Ils savent aussi que derrière cette appelation se cache l'idée de promouvoir des activités d'intelligence stratégique basée sur des moyens très limités, à l'image de ceux dont disposent les PME. Il s'agit d'exploiter, en première instance, les informations et connaissances déjà présentes dans l'organisation, avant même de penser à mettre en place quelque politique de veille ou de collecte d'information. Ne dit-on pas que 80 à 90% de l'information nécessaire est déjà dans l'entreprise.
Dans cette démarche, il convient de garder à l'esprit que les éléments de base d'une IS frugale sont:

• un objectif, une question à répondre ou une décision à prendre


• une démarche de mise en scène de l'information, éventuellement basée sur un canevas prédéfini (BMC ou autre)


• la conscience que disposer de toute l'information n'est pas utile, ni même souhaitable


• la conscience qu'à côté de l'information explicite, celle issue de la veille et des bases de données (internes ou non), les informations tacites (information et connaissances détenues par les individus) et implicites (expérience et capacité d'analyse des individus) sont souvent beaucoup plus puissantes et utiles

Et pour faire prendre la mayonnaise, rien de mieux que de la palabre et de l'interaction humaine (éventuellement dirigée par un animateur).
Dans son article du 9 septembre dernier sur LinkedIn, "Knowledge Transfer: When to Use What Method", Nancy Dixon évoque quelques stratégies pour transformer l'information et la connaissance et la faire passer par tous les états -explicite, implicite, tacite- (http://tinyurl.com/z5z8do5). Ce genre d'articles m'inspirent car il m'apparaît de manière évidente que toute révélation du potentiel (valeur) d'une information se base sur du tacite et de l'implicite (analyse). J'en viens donc à croire que la qualité d'une démarche d'IS dépend bien plus des mécanismes de transformation des informations explicites en informations et connaissances tacites et de mécanismes d'activation des informations et connaissances tacites et implicites que de la capacité à collecter de gros volumes d'informations explicites.