Hier matin, à la radio, un journaliste se demandait si, en Belgique, on était encore capable de garder nos meilleures entreprises une fois qu'elles atteignaient leur maturité. Et le journaliste de citer IRIS, la société de Louvain-la-Neuve (leader de marché dans le domaine des technologie du scanning, de la reconnaissance de caractères (OCR) et de la gestion documentaire) racheté récemment par Canon et la société Callatay & Wouters de Bruxelles (développement de software bancaires) passée très récemment dans le giron de SOPRA, groupe français actif dans le même domaine.
Ce matin, à la lecture des actes des Journées Nationales de l'Intelligence Économique 2012 (
http://tinyurl.com/bpvu578), j'ai eu quelques éléments de réponse sous la forme de citations, que je vous livre ci-après.
D'une part, Laurence Stator, responsable de la cellule de l'ADIT en Champagne-Ardenne nous dit "
Quand un investisseur étranger arrive en Champagne-Ardenne, ça n’est pas neutre. Il est impératif qu’un président de région sache très précisément quand il s’agit d’une personne étrangère à la région – a fortiori étrangère à la France – d’où il vient, ce qu’il a fait avant, pourquoi il arrive ici, qu’est qu’il vient chercher, a-t-il des projets stratégiques ou pas, est il un chasseur de prime?"
D'autre part, Nicolas Ravailhe, dirigeant un cabinet de lobbying à Bruxelles, nous dit "
Une
région au hasard, un Land allemand. Il paye une société d’intelligence économique au profit d’une petite PME de son territoire et lui demande de faire une recherche sur ses concurrents en Europe. Il se trouve que son principal concurrent est en France et a un chiffre d’affaires plus important. Le dirigeant de cette PME allemande se retourne certainement vers la banque du Land ou un de ses partenaires pour capitaliser ou financer autrement sa petite PME avec pour mission d’aller croquer la PME française en disant à son chef d’entreprise «tu es à dix ans de la retraite, tu veux dix ans de guerre avec moi, tu n’es pas certain que tes enfants reprennent, on n’est pas sûr de l’état du marché dans dix ans donc soit je t’achète maintenant, soit je prends une option agressive contre toi». Dans neuf cas sur dix, cela se traduit par une vente, avec une propriété intellectuelle qui est délocalisée en Allemagne et une production partiellement délocalisée en Europe de l’Est, ne laissant à la France et au territoire français que le soin de financer la casse sociale." Notons à ce sujet que la France vient de créer une banque publique d'investissement (
http://tinyurl.com/ck653mh).
Pour autant que je sache, personne, ni en Wallonie, ni en Belgique, ne raisonne de la sorte. Ce qui laisse penser que la réponse à la question du journaliste est du genre: si on en n'est pas capable, c'est sans doute parce que la volonté politique manque...