Lorsqu'on parle d'intelligence économique, voire stratégique, le niveau de compréhension de nos interlocuteurs est le plus souvent orienté "
entreprise". C'est-à-dire que l'on envisage ces pratiques au profit des entreprises, chacune étant envisagée comme une entité propre et indivisible. A raison, même si certains interlocuteurs mettent l'intelligence stratégique au niveau du territoire (on parle alors d'intelligence économique territoriale).
Comme l'entité économique envisagée est celle de l'entreprise, l'idée que les activités de veille et d'intelligence économique soient menées au niveau de la direction générale (du groupe) s'impose naturellement. Il en découle que la plupart des unités de production et autres filiales ne mettent en oeuvre aucun moyens orientés intelligence stratégique. Pourtant, l'esprit de compétition qui fait rage dans le village mondial influence aussi les relations entre les entités (juridiques) des groupes internationaux de plus en plus tentaculaires. Les responsables de ces entités (juridiques) pourraient donc aussi profiter des informations et des avantages compétitifs que procure une bonne connaissance de son environnement. En tout cas, c'est ce que nous rappelle régulièrement l'actualité.
A titre d'exemple, ce matin j'entendais que certaines usines du groupe Peugeot étaient actuellement en compétition entres elles afin de décrocher les marchés de l'assemblage d'un nouveau modèle de voiture. Ce qui aurait pour conséquence d'assurer l'activité du site et l'emploi dans la région concernée. Le même scénario se déroule régulièrement dans tous les groupes automobiles et comme bruxellois, je garde particulièrement en mémoire l'histoire récente de Volkswagen Bruxelles, devenu Audi Bruxelles, mais aussi les régulières discussions au sujet de l'avenir des différentes usines de montage automobile situées en Flandres. Et on pourrait multiplier ce genre d'histoires dans d'autres secteurs.
Les directeurs d'usine, de divisions, de départements... doivent bien sûr gérer leurs entités dans le respect de la politique générale du groupe et dans le respect des contraintes qu'on leur oppose, mais tous les acteurs locaux apprécieraient qu'ils assurent également la présence de l'activité économique sur le territoire. Et dans cette perspective, toutes les entités (juridiques) économiques sont aujourd'hui confrontées à de la concurrence, et doivent se battre pour survivre. Elles peuvent donc toutes tirer profit de politiques d'intelligence économique organisées visant à:
- collecter de l'information externe à l'entité pour mieux comprendre leur environnement, pour anticiper les stratégies des concurrents, pour développer de nouvelles activités ou marchés...
- protéger leurs informations et éviter que les concurrents ne s'en servent à leur détriment
- communiquer sur leurs points forts (et les points faibles de la concurrence) et influencer les prises de décisions en leur faveur
En fait, en examinant les différentes strates d'acteurs économiques qui fondent l'environnement économique, on constate la même situation dans l'intelligence territoriale, domaine dans lequel les intérêts des entités supérieures (états?) ne sont pas identiques et sont parfois contraires à celles des entités inférieures (région, communes...). On peut aussi appliquer le même raisonnement à l'individu (le travailleur) qui ne devrait avoir de cesse que d'assurer sont "employabilité" pour réduire ses risques de licenciement ou augmenter son attractivité, et donc la vitesse de reclassement, en cas de perte d'emploi. On devrait donc envisager l'intelligence économique (ou stratégique) comme une lasagne dans laquelle chaque couche est confrontée à des défis (questions) propres et doit donc mener ses propres politiques et actions:
- intelligence territoriale
- intelligence économique
- pour le groupe
- pour la filiale ou la division
- pour le département
- intelligence économique personnelle