Généralement, on situe la naissance de l'intelligence économique, courant français, en 1994. Plus précisément, à la présentation et la publication du rapport Martre, en février 1994. C'était il y a 25 ans. On peut encore le trouver en ligne (
https://tinyurl.com/y2b98uvm).
Il semble que cet anniversaire est fêté dans une indifférence généralisée, peut-être n'est-il même pas fêté. Cela doit nous poser des questions, alors que nous sommes dans des sociétés promptes à profiter de telles opportunités pour mettre en avant de nombreuses causes, même parmi les plus insignifiantes. Il est vrai que l'intelligence économique, en tant que pratique (professionnelle) n'a pas su s'imposer et a perdu la bataille de la communication, comme en témoigne la courbe de popularité (sur 15 ans, quand même) proposée par trends.google.

Quand j'entends certains discours, fortement empreints des dogmatismes et des théories initiaux, et que j'assiste à des formations qui sont des copier/coller de ce que l'on faisait il y 15 ans et plus, je ne m'étonne pas de ce manque d'intérêt pour ce domaine d'activité. Manifestement, certains s'arc-boutent sur des fondamentaux obsolètes, sans volonté ni capacité de les faire évoluer. Et qu'on ne parle pas de la surveillance des réseaux sociaux ou de big data qui, dans la plupart des cas, relèvent d'autres pratiques comme le marketing ou la business intelligence. Tout n'est pas noir pour autant. Je connais de nombreux professionnels qui pratiquent (encore) l'intelligence économique, et qui en font profiter aux entreprises, principalement les PME. Mais la plupart d'entre-eux se distancient de l'étiquette IE.
Pour ma part, je constate une réelle appétence, de la part des entreprises, pour la démarche, mais pas lorsqu'elle est basée sur les préceptes d'il y a 25 ans. Les discours autour des trois piliers, l'importance de veiller, collecter et amasser de l'information, la nécessité de se défendre contre des barbouzes et de verrouiller son système d'information ou l'utilité de l'influence et du lobby dans un objectif d'absolue excellence au profit du territoire (gloire nationale) ne leur parlent pas. Bien sûr, dans un monde idéal et théorique, ils seraient prêts à accorder de l'intérêt à ces sujets, mais dans le monde dynamique et concurrentiel que nous connaissons, leurs préoccupations sont ailleurs. Elles ont, certes, besoin d'intelligence, pour mieux appréhender leurs environnements et évoluer. Elles ont besoin d'informations, sans doute un peu, mais elles sont surtout besoin d'exploiter celles dont elles disposent déjà. Elles ont peut-être besoin de protéger leurs réseaux informatiques, mais elles ont surtout besoin de protéger leurs équipes et leurs positions sur les marchés. Elles pourraient bénéficier d'actions de lobby, mais avant, elles doivent être en mesure d'exprimer des objectifs, une stratégie et de se poser des questions.
Alors, si nous pouvoir faire la fête à l'intelligence économique en 2044, il est important et urgent que nous soyons plus nombreux à faire évoluer nos pratiques... Ou alors nous seront définitivement absorbés par d'autres courants, par d'autres pratiques.
En attendant, je souhaite un joyeux anniversaire à l'intelligence économique et à tous ses praticiens.