Dans les métiers de l'information, comme le nôtre, l'intelligence stratégique, à côté d'information stratégique, on parle régulièrement d'information à valeur ajoutée, ou à haute valeur (tant du côté des fournisseurs que de celui des clients). Mais finalement, une information à haute valeur ajoutée, c'est quoi?
Elen Bates, sur son site The Reluctant Entrepreneur nous a récemment donné son opinion sur la question (2018.12.26 -
https://tinyurl.com/y4nzhlkq). Elle nous dit que:
- apporter de la valeur, c'est bien plus que de trouver de l'information
- si la majorité de ce que son client lit est de sa plume, alors elle a apporté de la valeur
- si la majorité de ce que son client lit est de la plume de tiers, alors elle n'a apporté que peu de valeur
En somme, elle nous dit que la valeur ajoutée à de l'information se mesure à la distance que nous (les fournisseurs) parcourons sur le chemin qui mène aux décisions de nos clients. Ce n'est évidemment pas toujours facile, et cela requiert d'autres aptitudes que la "
simple" recherche et collecte d'informations. Il faut notamment être capable de comprendre la finalité de la mission (la décision à prendre), voire de la challenger, pour ensuite donner du sens aux informations collectées. D'ailleurs, dans cette démarche, il faut aussi savoir lire entre les lignes... et détecter des informations non explicites. Et ces aptitudes ne sont pas universelles, tant elles peuvent dépendre de la connaissance et de la compréhension d'un contexte, mais aussi de la relation que l'on peut créer avec son client.
Je peux imaginer que pour de nombreux professionnels de l'intelligence économique, il est naturel de challenger (les demandes de) ses clients et de discuter avec eux de l'intérêt des informations proposées. Sans doute aussi de leur proposer des scénarios d'analyse. Mais, formateur et passeur de connaissances, je constate que, pour les débutants en intelligence stratégique (pouvant être des documentalistes aguérris), cette posture n'est pas naturelle et les emmènent hors de leurs zones de confort. Les plus jeunes souffrent d'un complexe d'infériorité, face à des décideurs à priori expérimentés, ne croyant pas qu'ils soient capables de mettre en avant des informations (et des jugements) de qualité auxquels ces décideurs n'auraient pas encore été confrontés. Du côté des documentalistes, le problème apparaît surtout chez ceux dont la mission consiste principalement à identifier et rassembler des documents. On leur a toujours dit que l'information n'était pas leur affaire... alors, exprimer une analyse ou une opinion...
En fait, je ne sais pas si c'est très pertinent d'associer à l'information l'idée de "
valeur ajoutée". Ne serait-il pas plus juste de parler de mission ou d'intervention à haute valeur ajoutée?