Quand on envisage l'intelligence économique en fondant sa posture sur l'acception "renseignement -
the collection of information of military or political value" pour le terme intelligence, il est naturel de se dire qu'on s'adresse prioritairement aux informations circulant en dehors de l'entreprise. Par contre, quand on envisage l'intelligence dans le sens de "clever" (
the ability to acquire and apply knowledge and skills) on s'ouvre quelques nouveaux horizons. C'est pourquoi je pense que l'article de Rita Gunther McGrath et Alexander van Putten dans HBR.org en juillet 2017 ((
How to Set More-Realistic Growth Targets -
https://tinyurl.com/y7o9z7fb) nous parle d'intelligence économique et d'intelligence stratégique.
De mon point de vue, les éléments, dans cet article, qui relèvent de l'intelligence stratégique sont:
- l'utilisation des données statistiques présentes dans l'entreprise pour aider à comprendre la dynamique de l'organisation (et j'ai déjà rencontré de nombreuses entreprises qui ne capitalisent pas sur cette information existante)
- la non prise en compte de constats génériques pour mitiger les ambitions démesurées (dans ce cas, il faudrait 20 projets pour en avoir 9 qui génèrent de la marge ou dans le cas des VC, il faut deux fois plus de temps pour atteindre la moitié des objectifs... - mais souvent, ils ne sont pas connus...)
- la perte de vue que la gestion d'un "business qui roule" ne ressemble pas vraiment à celle de sa création (il faut considérer que la création d'un nouveau business est surtout une aventure exploratoire à la recherche d'un modèle d'affaires et que les hommes et les ressources nécessaires sont différentes...)
C'est pourquoi dans le cadre de mes missions d'accompagnement des entreprises, il m'est déjà arrivé de travailler sur:
- la réalité des projections de croissance (pour challenger les rêves d'un venture capitalist),
- l'exploitation de données historiques (pour réduire les risques liés au besoin d'anticipation des ventes),
- le besoin d'intégrer dans les équipes de nouvelles compétences (pour analyser les statistiques Web)...
Dans ce dernier cas, et cela me semble assez emblématique, la réaction du patron a été de me reprocher de l'inciter à se défaire de l'employé qui aurait dû prendre en charge les nouvelles tâches, puisqu'elle n'en n'était pas capable. Et que de toutes façons, il n'y avait pas de place, dans les jobs descriptions, pour de nouvelles tâches... A cela, il y a plusieurs réponses (qui secouent un peu les organisations):
- il y a plusieurs manières d'acquérir de nouvelles compétences (formation auto-didacte ou non, engagement, recours à de la sous-traitance...)
- dans une dynamique de croissance ou de changement, les nouvelles activités ne s'additionnent pas forcément aux anciennes, elles devraient plutôt les remplacer (pour cause d'obsolescence ou de différence de compétitivité)
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