Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je trouve assez sidérant de lire un tel article en 2018, sur le site portail-ie.fr de surcroit! Il ne s'agit que d'une litanie de poncifs sans nuances. Je me demande comment, un jeune professionnel ayant quelques heures de vol dans le domaine de la veille, et titulaire d'un diplôme de l'Ecole de guerre économique, peut encore afficher une telle méconnaissance des réalités des PME et de leur fonctionnement. Et une telle arrogance dans le propos (L'intelligence économique, un ouil indispensable pour les PME suisses - https://tinyurl.com/ya5vn626). Notons quand même que malgré cette supposée ignorance, l'économie suisse ne se porte pas si mal...
Je cite...
À ce stade, la connaissance et l’évaluation de l’environnement stratégique, concurrentiel et de marché sont indispensables.
Lorsqu’il identifie un segment de marché potentiel, le chef d’entreprise doit connaître les informations à rechercher, la façon de les collecter et de les interpréter. Ainsi se retrouve-t-il confronter à des problématiques de veille qu’il peut difficilement résoudre.
L’ignorance de l’apport, voire de l’existence, de l’IE a naturellement pour effet que ces chefs d’entreprises ne prévoient rien en la matière. Notons que même les grands groupes ne possèdent pas tous de responsable IE. Par conséquent, aucune action visant à assurer un développement en diminuant les risques lors de la prise de décision n’est planifiée.
En ce sens, aucun des trois piliers de l’IE n’est utilisé : l’environnement concurrentiel est peu surveillé, les savoirs ne sont pas sécurisés et aucune action d’influence n’est organisée pour pérenniser l’activité de l’entreprise.
Évidemment, de nombreuses sociétés de ce type n’ont pas les ressources financières nécessaires pour mettre en place une politique d’Intelligence économique pertinente.
En matière d’influence enfin, les PME opérant dans des secteurs sensibles ou fragiles, et désirant pérenniser leur activité, peuvent tout à fait se regrouper afin de gagner en représentativité, en visibilité et ainsi répartir le coût d’une éventuelle action d’influence.
Je ne connais certes pas le tissu économique helvète, mais je suis prêt à donner le crédit aux dirigeants de PME suisse qu'ils ne sont ni plus bêtes ni moins compétents que ceux que je côtoie en Wallonie. Et je dois dire que ce n'est pas parce qu'ils n'ont jamais entendu parlé d'intelligence économique, et qu'ils ne classent donc pas leurs décisions de gestion sous l'étiquette IE qu'ils ne font pas preuve d'intelligence économique. Leurs historiques, souvent de très nombreuses années de succès et d'exercices comptables bénéficiaires sont les meilleures preuves de leurs qualités et de leurs intelligences. N'en déplaise à ceux qui croient qu'ils détiennent la seule vérité...
Non, la connaissance et l’évaluation de l’environnement stratégique, concurrentiel et de marché ne sont pas toujours les meilleurs conseillers. Parfois, l'audace, même entachée d'une méconnaissance de l'environnement, est plus efficace...
Non, les chefs d'entreprises ne sont pas des têtes brûlées! Alors, lire que aucune action visant à assurer un développement en diminuant les risques lors de la prise de décision n’est planifiée fait mal aux yeux... De bonnes décisions peuvent être prises sans être estampillées IE!
De nombreuses sociétés de ce type n’ont pas les ressources financières nécessaires pour mettre en place une politique d’Intelligence économique pertinente. Évidemment, si "politique d'intelligence d'intelligence pertinente" est synonyme de "système de veille automatisé", alors, peut-être. Mais dans les réalités que je côtoie, ces systèmes ne snt pas les plus pertinents, il y a bien d'autres choses à faire avant...
Les PME opérant dans des secteurs sensibles ou fragiles, et désirant pérenniser leur activité, peuvent tout à fait se regrouper... Les associations professionnelles n'existent-elles pas?
Je ne souhaite qu'une chose, pour le bien de notre métier, c'est la disparition de ces propos caricaturaux. Parce que nous devons le respect à tous les entrepreneurs qui pilotent leurs PME. Parce que notre rôle est de les aider à progresser et à développer certaines de leurs compétences et pratiques managériales. Et je ne m'étonne pas que ceux qui les tiennent encore aient se morfondent de la difficulté de les rallier à leurs postures...