J'ai déjà évoqué à plusieurs reprises les travaux et les documents du professeur Benjamin Gilad. Une recherche sur le contenu de ce blog vous le prouvera. Toutefois, je n'ai pas encore évoqué cet article de septembre 2011, intitulé "
Strategy without intelligence, intelligence without strategy" dont on trouve un résumé sous le titre "
The importance of strategic competitive intelligence" (
http://tinyurl.com/y8pybbv8).
Au moyen de deux ou trois exemples, notamment les chutes de General Morors et de l'entreprise financière Bear Sterns, il nous montre la différence entre la "
competitors intelligence" et la "
competitive intelligence". Il nous explique que l'intelligence économique basée sur la surveillance des concurrents n'est guère utile puisque la plupart du temps, lorsqu'une entreprise défaille, ce n'est pas de la faute de la concurrence. Il en veut pour preuve que la chute de GM est surtout due au changement de la sociologie des clients (de plus en plus de femmes voulant des petites voitures pratiques et plus des jeunes hommes désirant des voitures puissantes). Quant à la chute de Bear Sterns, qui était alors dirigée par un CEO recruté bien des années avant comme vendeur (parce qu'il aimait le bridge), il l'attribue à une erreur de casting. Ce qui me rappelle ma conclusion de l'étude des raisons de l'échec de Take It Easy, qui est à chercher plus sûrement dans le CV de son principal fondateur que dans le marché (la concurrence) ou le refus des investisseurs à débloquer les fonds nécessaires à la poursuite du développement de l'entreprise (
http://tinyurl.com/z69wcfv).
Pour Gilad, la surveillance de la concurrence n'a que peu de valeur pour les dirigeants des entreprises. Ce n'est en fait que distraction. Pour lui, donc, l'intelligence stratégique n'est ni une fonction, ni un process (qui d'ailleurs sont trop souvent confiés à des jeunes manquant de maturité professionnelle), mais une "perspective". Et la plupart des entreprises, trop focalisées sur les lignes budgétaires et autres mouvements tactiques, ne sont pas armées pour regarder (loin) devant et développer des perspectives.