L'intérêt de l'exercice mené ces derniers jours sur le modèle d'affaires de la société Take-Eat-Easy était de montrer que l'on peut, à partir d'un nombre restreint d'informations et de quelques outils d'aide à l'analyse, tirer un certain nombre d'enseignements.
Dans cet exemple, l'exploration du modèle d'affaires de take-Eat-Easy, qui nous permet la mise en avant de quelques conclusions non évidentes, est basé sur les informations portées par une dizaine de documents, trouvés en quelques clics, et leur mise en scène sous la forme de divers "Business Model Canvas". Sans plus. Bien sûr, cette analyse n'est ni complète, ni parfaite, mais ce n'était pas le but. L'objectif était de montrer qu'en mobilisant peu de moyens, dans une démarche d'intelligence économique frugale, il était possible d'obtenir des réponses de qualités aux questions que l'on se pose. En l'occurrence ici, comprendre le modèle d'affaires d'une entreprise et comprendre les raisons de son échec.
En fait, ce qui compte, ce n'est pas tant la quantité d'information, ni les processus en place pour les acquérir, mais notre capacité à exploiter et analyser l'information disponible. En d'autres termes, il vaut mieux choisir avec soin les questions auxquelles on va s'attaquer et passer du temps à mettre en scène l'information disponble que de collecter frénétiquement un grand volume de données dans l'espoir que la sérendipité fera son oeuvre. Et n'oubliez pas, dans ce domaine, que la loi de Pareto, la loi 80/20, est d'application: les premiers 20% d'efforts permettent d'obtenir les premiers 80% de résultats (informations et conclusions). N'oubliez pas non plus que le risque et l'incertitudes sont des compagnons obligés des décisions et que nos décisions doivent beaucoup à l'intuition. Laquelle peut être utilement nourrie par une démarche comme celle-ci.
Enfin, il ne faut pas se laisser aveugler par l'omniprésence du "Business Model Canvas" d'Alexander Oosterwalder et Yves Pïgneur. Il existe, dans l'environnement économique, bien d'autres modèles de mise en scène de l'information. A coté des avatars du BMC, comme le Lean Canvas, le Project Canvas, le Digital Marketing Canvas..., il en existe bien d'autres, des classiques aux plus récents (5 forces de Porter, Strategic Canvas, carte d'empathie...). Et j'imagine que chaque envirronement dispose de ses propres modèles. Vous les connaisse déjà, sans doute...
Je m'en voudrais, cependant, de ne pas attirer votre attention sur l'importance de la posture de départ sur l'image qui peut être renvoyée par votre mise en scène. Un même jeu d'information peut, en effet, mener à diverses représentations. Ainsi, je ne résiste pas à l'envie de vous raconter une autre histoire, basée sur les mêmes informations que celles utilisées pour décrire le modèle d'affaires de Take-Eat-Easy (TEE). Cette autre posture de départ m'a été inspirée par l'acharnement des fondateurs de Take-Eat-Easy à trouver des investisseurs pour financer le développement de l'entreprise. Ils déclarent avoir proposé leur dossier à pas moins de 114 investisseurs potentiels. Excusez du peu. Cet acharnement n'est pas fréquent dans les entreprises, à moins que le prisme de l'analyse soit différent. D'où la question: quel est le modèle d'affaires des fondateurs-actionnaires de TEE?
Le Business Model s'articule alors autour de clients (les investisseurs) à qui ont fait la proposition de valeur d'un bénéfice différé (revente des actions) basé sur la création d'une chaine logistique présente à travers le monde et d'un capital immatériel (une base de clientèle et un leadership mondial). Je n'ai, évidemment, aucune raison objective de penser que les fondateurs de TEE aient été dans cette dynamique, mais il n'en reste pas moins que le modèle décrit colle assez bien à la situation de TEE, mais aussi à celle de nombreuses start-ups de la nouvelle économie qui sont régulièrement montée en épingle.
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