Continuons notre découverte du modèle d'affaires de Take-Eat-Easy. Dans les billets précédents, je me suis d'abord intéressé au modèle global pour ensuite examiner les situations particulières des clients et des coursiers. Vient aujourd'hui le temps des restaurateurs.
Première étape, dans notre quête d'informations, le site
www.takeeateasy.be, qui nous livre quelques premières observations. Par exemple, son ambition de proposer aux clients des plats issus des "
meilleurs restaurants" de la ville. Dont acte. Par contre, l'examen des restaurateurs participants dans les villes que je connais (Bruxelles et Liège) ne me laisse pas une impression de "woaw" quant à la sélection des restaurants. Pour autant que je sache, ils sont bons, certes, mais ne font pas partie des meilleurs. Et ce ne sont pas tous des restaurants, la part des "snacks" et autres sandwicheries, même de qualité, n'y est pas anodine. On y apprend aussi que les restaurateurs doivent travailler dans l'urgence, puisque les TEE se targue de livrer, très rapidement (le record est de 17 min).
Le coup de gueule d'un des restaurateurs nous apporte également de informations intéressantes (
http://tinyurl.com/j8njk3n). On apprend ainsi que les restaurants sont payés en fin de mois et qu'ils laissent de 25 à 30% de l'addition à TEE, soit la marge hors matières premières et salaires.
Avec ces informations, le modèle d'affaires commence à se dessiner. La proposition de valeur faite aux restaurateurs semble être des nouveaux clients de proximité, et peut-être un peu de visibilité. En contre-partie, les restaurateurs laissent une (très) grande part de leurs marges, ont l'obligation de travailler rapidement, les clients Take-Eat-Easy sont parfois (souvent) servis plus vite que ceux en salle (temps moyen de livraison 28 min, temps de préparation 18 min), d'emballer correctement leurs plats. Les revenus, pour TEE, sont composés principalement par les marges, mais aussi par la disponibilités de liquidités (les clients paient immédiatement, les restaurateurs sont payés fin de mois). Objectivement, le service de TEE ne s'adresse pas à tous les restaurants. Typiquement, ceux qui sont entrés dans le système sont en ville (proximité d'avec les clients), sont prêts à travailler au coût marginal du secteur (soit qu'ils sont en sous-régime, soit que leurs marges sont (anormalement) supérieures à la moyenne. L'information selon laquelle le revenu moyen par commande, pour TEE, est de 10 eur (soit des commandes d'une valeur allant de 30 à 40 eur) nous confirme que les établissements repris dans le catalogue ne sont pas probablement pas de top niveau.
Pour gérer les restaurateurs, TEE a besoin d'une équipe. Et au détour d'informations relatives à la collecte de fonds et à leur consommation, on apprend que la relation avec les restaurateurs est construite sur base d'une équipe de commerciaux (voir remerciements de Adrien Roose dans son billet sur Medium
http://tinyurl.com/jzgdg5k). De son côté, la lecture des conditions générales clients de vente nous éclaire sur le processus et les contacts avec les restaurateurs. TEE monopolise la communication avec ces derniers, qui n'ont pas ou peu de contacts avec les consommateurs. Cette communication se fait à la fois au moyen de la plate-forme, mais aussi par téléphone.
Notons, enfin, que le silence du site Web par rapport aux restaurateurs. On l'a déjà dit, le site est surtout destiné à la prise de commande et au recrutement et la gestion des coursiers. Les relations avec les restaurateurs y sont absentes. Et de manière générale, il est symptomatique de constater la faible communication autour des restaurateurs, donnant l'impression que ceux-ci ne sont pas clés dans le modèle d'affaires. Ce qui est d'autant plus interpellant qu'ils apportent la majorité du cash-flow.
Les épisodes précédents: