Pour nombre d'entrepreneurs, et d'autres, les termes "lobby" et "influence" sont des gros mots, qu'ils ne veulent pas utiliser. Sans doute parce qu'ils sont connotés négativement et qu'ils étiquettent le plus souvent des actions, jugées peu éthiques et peu morales menées par les plus grandes entreprises puissantes auprès des grandes institutions multinationales. Le tout à leur seul profit. Pourtant, la réponse à ces actions de lobby est souvent des actions menées par des groupes de pression plus proches des citoyens, jugées plus éthiques, même si de moindre ampleur, qui doivent elles aussi être qualifiées d'actions de lobby.
Pour faire bref, les actions de lobby (et d'influence) sont menées par des acteurs qui visent à informer les parties impliquées dans des processus de décisions (légales, réglementaires ou autres) en vue d'obtenir une évolution qui penche en faveur (ou le moins possible en défaveur) de cet acteur. Le lobby n'est donc fondammentalement ni mauvais, ni bon. C'est l'intention qui en colore la perception. Les techniques de lobby et d'influence, peuvent être utilisées à tous niveaux de décisions, du local à l'international, et de manière offensive ou défensive (contre-lobby en réponse à du lobby offensif).
Pour la plupart des acteurs, les manières de mener des actions de lobby restent nébuleuses, ce qui explique aussi pourquoi ils restent sur leur réserve et ne se lancent pas. Pourtant, une action de lobby n'est jamais qu'un projet à mener, avec des objectifs, des moyens et un calendrier. Ce que tout entrepreneur maîtrise parfaitement et fait très régulièrement. La partie délicate du processus est probablement celle de l'analyse de l'environnement. Il est, en effet, primordial de bien comrendre à la fois le processus de décision, son calendrier et les acteurs qui y jouent un rôle important, et les différentes parties prenantes qui pourraient interférer et influencer les points de vue. Mais ce "devoir" initial fait partie du projet, au même titre que l'analyse des risques et des bénéfices qui devrait mener à une décision de "go" ou "no go" de l'action de lobby. Notons que la connaissance du calendrier vaut surtout pour les actions de lobby défensif, lorsqu'il faut se synchroniser avec un processus en cours, l'acteur initiant un lobby offensif choisit est plus en mesure de fixer l'agenda.
L'article publié par Ludovic François et Romain Zerbid, début août, dans la Harvard Business Review, "Stratégie d'influence: un plan d'attaque en 8 points" (
http://tinyurl.com/hpeol8u) résume bien les différentes étapes d'un projet d'influence:
- formuler un objectif
- cartographier l'environnement
- identifier les acteurs clés
- repérer les leviers de basculement
- identifier les vecteurs
- choisir la séquence de lancement
- analyser les impacts
- ajuster la campagne
La "guerre économique" dans laquelle nous évoluons montre à suffisance que ceux qui osent le lobby ont des avantages sur leurs concurrents, à commencer par le fait de ne pas subir l'environnement, mais bien de de faire évoluer celui-ci dans un sens qui leur permet d'imposer et d'exploiter leurs différences et leurs spécificités. Pour les autres, le premier pas devrait probablement consister en une dédiabolisation du concept de lobby, préalable indispensable au lancement d'actions de contre-lobby efficaces.