En mars 2010, dans le cadre d'une journée organisée à Rabat par l'ENSIAS, intitulée "
IE et gouvernance stratégique des entreprises", Jacques Breillat à rendu public un papier consacré à l'intelligence économique en PME/PMI (
L'intelligence économique en PME/PMI: de l'intention stratégique au bricolage de l'informel -
http://tinyurl.com/zmqy3s9). Il y partage un certain nombre d'idées qui, si elles étaient plus largement intégrées par les acteurs de terrain, rendraient les pratiques d'IE en PME plus efficientes. Par exemple:
- les PME ne sont pas des grandes entreprises en petit; par contre, les grandes entreprises sont plus souvent des PME en grand
- les informations de veille au sein des PME-PMI, restent en majorité écrasante (de l’ordre de 95 %) figées à l’état d’informations informelles (H. Lesca)
- les informations sont largement détenues par des individus qui les ont simplement en tête. Ces informations par essence non formalisée ... ne font l'objet d'aucun stockage particulier et ne sont donc pas facilement accessibles
- la veille anticipative en PME-PMI ne peut passer que par l’optimisation de la mobilisation des connaissances tacites des personnes
- c’est la taille du chiffre d’affaires et surtout l’instabilité de ce chiffre d’affaires qui stimulent le déploiement interne des pratiques de veille stratégique par Internet
- la réussite d’un projet d’intelligence économique en PME/PMI conduit à une modification de la démarche de management
- il ne peut avoir d’intelligence économique que si l’activité de renseignement permet l’anticipation de l’environnement de l’entreprise, et est réalisée de façon volontariste
- il n’est pas possible d’engager une PME/PMI dans une démarche collective d’intelligence économique sans une volonté claire du top management et une implication des équipes de terrain
Jacques Breillat conclu que
les valeurs de curiosité, de modestie, de coopération, la soif d’apprendre, la capacité à s’étonner et le goût de l’analyse, sont des éléments en filigrane dans les discours des dirigeants pratiquant l’IE. Il appelle ce processus le
bricolage de l’informel car il est fondé sur l’ingéniosité des hommes et leurs capacités contributives au partage de l’information. Les lecteurs réguliers de ce blog se doutent que je partage dans une grande mesure ces propos et ce point de vue de Jacques Breillat. Toutefois, plutôt que de
bricolage de l'informel, j'ai tendance à parler d'
intelligence économique frugale dans l'idée que, quand bien même elle a l'intention de faire de l'IE, la PME n'a que peu de moyens à y consacrer. Il convient dès lors de bien choisir ses outils et méthodes et de les appliquer avec efficience. Et je pense que la démarche IE doit être plus ad-hoc que permanente et qu'une piste intéressante est de travailler sur l'exploitation des informations et connaissances tacites, par exemple en essayant de mettre en scène les informations disponible. Ce sera d'ailleurs le coeur de ma prochaine intervention dans le cade de la prochaine conférence IES 2016, début octobre à Rouen (
http://www.3af.fr/evenement/ies-2016).