L'intégration d'une réflexion sur les modes de management dans la démarche d'intelligence stratégique est affaire de point de vue. Cette intégration sera d'autant plus naturelle et justifiée que le terme "
intelligence" est pris dans ses acceptions françaises (par exemple:
ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle ou
aptitude d'un être humain à s'adapter à une situation, à choisir des moyens d'action en fonction des circonstances -
http://tinyurl.com/qaxzbrl). Lorsqu'on envisage le terme "
intelligence" dans son acception anglo-saxone (renseignement), on est plus enclin à se focaliser sur des outils et des méthodes de collecte, gestion et protection des informations. En oubliant parfois, que les principes de gestion de l'entreprise ont un grand impact sur la mise en oeuvre de ces outils et méthodes comme le prouve certaines volontés récurrentes d'inclure la gestion des connaissances (knowledge management) dans le champ d'action de l'IS.
Ceux qui pensent que les pratiques de management sont des éléments constitutifs d'une bonne intelligence stratégique seront inévitablement intéressés par le récent livre de françois Dupuy (
La faillite de la pensée managériale - Le Seuil - ISBN-13: 978-2021136500). A défaut de l'avoir lu, je me base sur quelques articles et commentaires pour croire que les analyses de l'auteur sont pertinentes et qu'elles s'inscrivent dans les mouvements actuels qui militent pour un renouveau du management. Des articles, et des commentaires y associés, de Usine Nouvelle ("
La multiplication des chefs de projet est une catastrophe managériale majeure", affirme le sociologue François Dupuy -
http://tinyurl.com/o8vku7e), celui du blog Axiopole (
Management de l'intelligence collective -
http://tinyurl.com/qasfw9p) ou encore de celui de l'Echo (
Les managers sont dans le brouillard -
http://tinyurl.com/no2qt36) j'ai envie de retenir les affirmations suivantes, pour le moins iconoclastes:
- Ce qu’on appelle le "management" consiste à obtenir des gens qu’ils fassent ce qu’on souhaiterait qu’ils fassent. Mais, après un siècle de taylorisme, les solutions appliquées aujourd’hui apparaissent d’une extrême pauvreté intellectuelle. Les organisations opèrent principalement sur deux modes: le contrôle et l’injonction. Mais les deux s’avèrent contre-productifs.
- Du côté des dirigeants, la pensée financière a tué toutes les autres formes de pensée... les dirigeants ont fait le choix de s'ajuster à une seule variable, la finance. Mais parallèlement, ils s'aperçoivent du désengagement des salariés et des problèmes que cela pose.
- Il y a une forme de paresse intellectuelle terrifiante. On ne raisonne plus, on applique des recettes. On ne creuse pas la question de l'organisation et des hommes. On se contente de la connaissance ordinaire.
- Les sciences sociales ont établi depuis longtemps que les valeurs sont le résultat d'une action, pas quelque chose qu'on impose... On ne gouverne pas par les valeurs! La plupart de ces prétendues valeurs représentent ce que les entreprises n’ont pas, mais ce qu’elles souhaiteraient avoir. Mais ce n’est rien de plus qu’une compilation de slogans naïfs et de mots d’ordre.
- Les business schools n’ont pas vocation à innover. On n’y fait que de la diffusion d’informations. Il en va de même pour les grands cabinets de conseil...