Quand on parle d'influence ou de lobby à des chefs d'entreprises, on a parfois l'impression de leur parler d'une montagne. Il est vrai que l'idée du lobby est surtout associée aux combats sans fin menés par les grandes multinationales. Pourtant, il y a aussi des petites actions de lobby, presqu'insignifiantes, qui ont eu de grands impacts. Rappelez-vous de l'affaire Contralco et des ethylotests dans les voitures en France (
http://tinyurl.com/bvlxubm - juillet 2012).
Il y a quelques jours, le classement mondial des universités, le classement de Shangai, a fait la une des journaux. A cette occasion, beaucoup de journaux francophones fustigeant le fait que les universités françaises ou belges ne sont que peu présentes dans le classement et pas vraiment aux places d'honneur. Ces dernières sont trustées par les universités anglo-saxonnes. En fait, ce qui est interpellant dans cette affaire, c'est l'histoire de ce classement qui , sans trop en avoir l'air, en peu de temps, s'est imposé à tous et s'est érigé en référence absolue, au point d'en faire trembler ceux qui ne sont pas en tête de classement et d'avoir un impact non négligeable sur les options stratégiques des recteurs.
Comme nous le rappelle ce billet sur le site du Nouvel Observateur (
http://tinyurl.com/lsgkex7) le mode de calcul du classement de Shangai est tout à fait contestable. Il n'a d'ailleurs pas été créé pour être objectif, ni par un comité d'experts dans la volonté de refléter une réalité. Il s'agit plutôt de la création d'un chercheur isolé qui a utilisé des données accessibles sans trop de mal (les articles des quelques revues scientifiques, les palmares des prix Nobel, le nombre d'étudiants dans les universités). Pourtant, ce classement s'est imposé à la communauté internationale, défendu et promu par ceux qui sont bien classés, villependé par les autres.
Comment est-ce possible? Je ne connais pas d'études sur la question. Par contre je pense que ce succès est lié à l'esprit de compétition qui anime l'homme. Dès qu'on crée un classement, peu importe qu'il soit pertinent, représentatif, universel... il est des individus et des organisations qui veulent en être les premiers. Et une fois qu'un classement a commencé à s'imposer, il devient difficile de le mettre de côté et de le remplacer par un autre. C'est le cas du classement de Shangai.
La leçon à en tirer est que il ne faut pas grand chose pour modifier un environnement (un zeste de culot, un peu de chance?). Mais après, l'énergie qu'il faut déployer pour rectifier le tir est incommensurable. En d'autres mots, le lobby offensif, celui qui mène un acteur à poser le premier geste, ne coûte pas très cher. Par contre, toutes les réactions sont très onéreuses.
Et vous, auriez-vous le culot de poser une action de lobby offensif?