
En économie et dans les affaires, comme dans de nombreux pans de nos vies, la dimension culturelle n'est pas neutre. Cela parait évident pour en ce qui concerne les marchés lointains (on prend souvent la Chine ou le Japon comme exemples). Par contre, pour les pays proches, voire très proches, elle est moins perceptible et on a plutôt tendance à les zapper. Pourtant, elles sont bien là et peuvent expliquer des différences de comportements et d'attitudes, des organisations administratives, des succès ou des échecs commerciaux...
Geert Hofstede a beaucoup étudié les différences culturelles entre les pays et s'est essayé à les quantifier. Il a ainsi identifié 5 critères:
- Power distance, qui mesure l'attitude face aux inégalités
- Individualism, qui mesure le degré d'interdépendance entre les membres d'une société
- Masculinity/Feminity, qui mesure les motivations individuelles (êre le meilleur ou être soi-même)
- Uncertainty avoidance, qui mesure l'angoisse et l'attitude face à l'incertitude
- Long term orientation, qui mesure le pragmatisme et le comportement long/court terme
Pour ma part, la découverte des travaux d'Hofstede m'a permis de comprendre le marché des logiciels de gestion documentaire et de solutions d'archivage. A l'époque, c'était mon terrain de jeu et j'avais rapidement constaté l'opposition entre deux conceptions différentes. D'un côté l'école US, focalisée sur le concept de records management, de l'autre l'école française privilégiant l'archivage de documents. Techniquement, les différences ne sont pas flagrantes. Ce que peuvent faire les uns, les autres peuvent le faire aussi. Ce qui diffère, c'est le regard sur l'unité documentaire envisagée. Dans le premier cas, il s'agit de garder des traces de tous les éléments d'information constitutifs d'un dossier (notes, factures, documents... même les coups de téléphone), de l'autre il s'agit de conserver des rapports et autres documents bien construits.
A l'origine de ce schisme on trouve une différence culturelle marquée dans le domaine de la prise de décision, que les travaux d'Hofstede rend visible. Les meneurs américains ont l'habitude de déléguer les prises de décisions à leurs subalternes. Le contrôle, a posteriori, se fait alors en considérant les éléments d'information qui ont menés aux décisions. Ce sont donc ces éléments d'information qu'il convient de conserver. En France, par contre, les décisions sont plus centralisées. Les décideurs attendent de leurs subalternes qu'ils centralisent et consolident les éléments d'information dans des rapports, lesquels serviront aux décideurs pour étayer leurs décisions. Les Français conservent donc les documents et pas les éléments d'information. Pour caricaturer le constat, on retrouve ici l'opposition entre l'esprit d'entreprise à l'américaine et la centralisation à la française.
Pour commencer à toucher du doigt les différences culturelles entre les pays, je vous invite à découvrir le site de Geert Hofstede sur lequel il nous donne ses mesures des 5 critères (
http://geert-hofstede.com/united-states.html). Ensuite, vous n’écharperez pas à la lecture de ses livres...